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1 janvier 2007

Conte de Noël - Le chat de Passeloup – 6/6

[Puis, elle entendit le puissant moteur s’arrêter dans un soupir soyeux.]

Une porte arrière de la Rolls-Royce s’ouvrit doucement laissant bientôt apparaître la petite silhouette d’une vieille dame qui, une fois sortie, se préoccupa de lisser le long imperméable qui recouvrait un superbe tailleur bleu.
Pétrifiée par cette apparition, Pascale devina néanmoins que sa visiteuse ne pouvait être que Marianne de Passeloup, « la louve teutonne »
C’était une petite femme, très fine qui semblait défendre de superbe manière la grande beauté qu’elle devait avoir eu dans sa jeunesse. Sous une blanche chevelure bouclée, elle arborait un visage rond, félin et rieur que quelques rides attristaient à peine. 
La vieille dame avisa alors Pascale et souriante, elle lui fit un grand signe de la main et s’exclama : « Attendez, attendez, j’ai une surprise pour vous ! »
Elle se pencha alors dans la voiture et s’écria : « Allez, Amadeus, sors de là, imbécile ! »
Pascale crut défaillir quand elle vit jaillir de la rolls un chat qui n’était autre que Wolfgang.
L’animal s’ébroua et l’apercevant, il se dirigea aussitôt vers elle, miaulant, sa moitié de queue en chandelle.

Du plus fort qu’elle puit, Pascale jeta de côté la corde qui devait la pendre et se penchant, ramassa le chat ; le serra tendrement contre elle et éclata en sanglots.

La vieille dame s’étant approchée, tendit la main et dit : « Bonjour, je suis Marianne de Passeloup et je viens saluer et remercier la personne qui a sauvé mon chat bien aimé Amadeus  d’une mort certaine »   

Quelques minutes plus tard, Pascale était occupée à préparer un café « le plus fort » possible à Marianne de Passeloup qui, assise à la table familiale regardait le décor d’un œil curieux.

En sirotant son café bouillant, elle expliqua alors à Pascale qu’il y a environ dix ans, elle avait elle-même déjà ramassé sur la route ce brave chat Amadeus, alias Wolfgang, certainement blessé par un automobiliste.
Marianne adorait les chats depuis sa plus tendre enfance. Elle en avait plus d’une dizaine de tout âge et de toute race, mais Wolfgang, le plus laid, le plus vieux et le plus sauvage d’entre eux, était vraiment celui qu’elle préférait.
Toutefois, ce chat se faisait mal à la « vie de château » et périodiquement, il retournait voir « sa bande » au fin fond de la forêt.
Tout s’était bien passé ainsi jusqu’à ce que la vieillesse, par une maladie rare, le paralyse chroniquement en le laissant à la merci de tout pendant plusieurs jours.
Marianne révéla alors que ce dernier lundi, le vétérinaire de Frivoli, ayant reconnu Amadeus pour l’avoir souvent soigné, l’avait contactée et de fil en aiguille, elle avait ainsi appris comment Pascale avait sauvé son chat bien aimé de la pire des morts.

La louve teutonne lui demanda enfin de bien vouloir parler d’elle-même et de sa famille.

Pascale s’exécuta avec méfiance quand même et elle tissa un curriculum vitae des plus neutre et évasif.
Alors qu’elle parlait sans conviction, Marianne l’interrompit d’un gentil sourire pour lui demander d’où venaient ces magnifiques petites figurines en terre qui ornaient la cheminée.
A ce moment, certainement épuisée par les épreuves des derniers jours et déconcertée par la sympathie de Marianne, Pascale s’éclata totalement et lui raconta in extenso sa passion pour la forêt et la mare de Passeloup et sa rencontre avec le jeune Ludwig.
Au fur et à mesure de son récit, le visage de Marianne de Passeloup se décomposa complètement jusqu’à être baigné de larmes.
Quant Pascale eut terminé son histoire, Marianne de Passeloup, le visage couvert de ses mains sanglotait comme une enfant.

Se reprenant alors, la louve teutonne lui révéla que le jeune Ludwig n’était autre que son petit-fils adoré que la mort accidentelle de ses parents lui avait complètement confié alors qu’il n’avait que sept ans.

Elle l’aimait comme jamais grand-mère n’avait aimé un si bel enfant, fort, gentil et intelligent mais qui hélas était affecté d’une sale maladie du sang qui, à l’instar du chat Amadeus, le plaquait chroniquement dans un lit de torpeur.
Marianne raconta alors qu’un soir d’un mois d’août, Ludwig était rentré transfiguré de ses périples forestiers en disant qu’il venait de passer le plus beau jour de sa vie et qu’il avait rencontré le grand amour en la personne d’une certaine « Lune bleue »
Le lendemain cependant, il revint quelque peu dépité d’un lapin posé, mais en jurant qu’il retrouverait coûte que coûte sa fabuleuse lune.
Néanmoins, il avait rapporté le célèbre chat d’argile qu’il considérait comme une sorte de dieu.
Malheureusement, quelques jours plus tard, cette salope de maladie le cloua une fois de plus dans un lit dont il ne devrait plus se relever: Il mourut un soir d’octobre en caressant son idole d’argile.
Après l’enterrement de Ludwig dans la crypte du château, Marianne avait battu en vain la campagne à la recherche de cette « Lune bleue » qui personne ne persistait à connaître.
De guerre lasse, elle avait déposé le chat d’argile sur la tombe de son petit-fils en espérant qu’un jour, celle qui l’avait faite avec lui se manifesta et en hérite.

Après un long et pesant silence, les deux femmes tombèrent en pleurs, dans les bras l’une de l’autre.


La déesse Fortuna est vraiment capricieuse car à ce moment-là le destin de Pascale bascula une fois de plus.

En effet, Marianne de Passeloup l’invita avec ses enfants à passer le réveillon et le jour de Noël le plus fastueux qu’elle n’eut jamais rêvé.
Par ailleurs, ce 25 décembre même, entre deux morceaux de dinde, la louve teutonne lui offrit un emploi de secrétaire particulière.
Marianne de Passeloup lui révéla en effet qu’elle était un écrivain mondialement connu sous le pseudo de Tippie Cool et que le départ en retraite récent de sa collaboratrice exigeait un remplacement urgent.
Pascale accepta et s’installa « comme une sœur » avec ses enfants dans tout un étage du magnifique château de Passeloup.

Bien que Camille et Erwan eussent émis au début quelques réserves quant à l’évidente absence de fantôme dans cette énorme bâtisse, ils  passèrent à Passeloup plus de dix ans d’un bonheur profus.


Jusqu’à ce 24 décembre où Marianne de Passeloup expira paisiblement alors que Pascale lui lisait le conte stupide d’un certain loup Lothar qu’elle avait trouvé sur l’Internet.

Le lendemain de ce décès cruel, le jour de Noël, de bon matin, Pascale arpentait pensive les allées fastueuses de l’immense potager de Passeloup en se disant qu’une fois de plus la déesse Fortuna avait tourné dans son dos une nouvelle page de sa vie en la jetant sur des chemins poussiéreux et erratiques.

Elle apprendra quelques jours plus tard que Marianne de Passeloup lui avait légué son nom, ses droits, ses biens et d’une manière générale, son immense fortune.


O Fortuna, velut luna statu variabilis, semper crescis aut decrescis…


Guillaume Martin Lothar vous souhaite une fabuleuse année 2007.

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Commentaires
T
Je me serais bien délectée de quelques épisodes supplémentaires !<br /> Merci Martin !
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E
Une Rolls ? J'aurais préféré une Jaguar moi...Merci Martinlothar !
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S
Bonne année
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H
Bonne Année à tous...<br /> <br /> Et un grand merci au loup pour ce conte qui finit bien, histoire de nous remonter le moral...
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G
eh oui, bonheur, santé et plein de petits plus à vous tous<br /> Bonne année Je ne vis et veux...
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