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29 décembre 2006

Conte de Noël - Le chat de Passeloup – 1/6

Si vous avez manqué le prologue

Dédicace de circonstance : A White Spirit, avec toute la force et la fortune de l’amitié (et pour moi, ce n’est pas rien !)

Il y a des jours comme ça où tout se passe en quelques heures : Le pire comme le meilleur et bien souvent, ce n’est que bien des années après que l’on se rend compte que la Fortune tourna alors sa roue plusieurs tours sans qu’on le réalise vraiment.
Tel fut ce vendredi 15 décembre pour Pascale qui dans l’après-midi fut avisée qu’elle était virée de son emploi et devait s’apprêter à passer le Noël le plus terrible et le plus triste de sa vie.
De plus en sortant de la boîte, elle constata avec angoisse qu’une grosse neige commençait à blanchir la chaussée ce qui présageait un  long et pénible retour chez elle.
Pascale s’attendait depuis plusieurs semaines à se retrouver au chômage, sans un sou vaillant et avec deux enfants sur les bras : Ça ne pouvait être que la cerise amère d’un gâteau infect que le destin lui cuisinait depuis plusieurs années déjà.

Elle retrouva sa vieille voiture quelques mètres plus loin, là où, une fois de plus en retard, elle l’avait garée en hâte le matin même : Elle constata presque joyeusement que la trêve des confiseurs lui avait tout de même épargné une prune de plus.

Elle démarra l’antique R5 qui vrombit de ses boulons chancelants en crachant comme toujours son épais nuage noir et après quelques tours de roues, Pascale s’inquiéta vraiment de l’état de la route qui s’aggravait de minute en minute.
Déjà qu’en ville, ça commençait à glisser pas mal, qu’en serait-il tout à l’heure sur les petites routes vicinales ?
Malgré tout, elle s’étonna de sa sérénité : En d’autres temps sans doute, elle se serait effondrée en larmes incapables de réagir à tout et se serait figée dans une de ces prostrations vénéneuses communes aux êtres les plus désaffectés et les plus accablés.

Pourtant, forte de ce qu’elle ne savait quoi, Pascale engagea la vieille Renault dans l’artère principale de la ville et comme elle s’y attendait, elle fut bientôt coincée dans un de ces inextricables bouchons bien endurcis cette fois par les embarras des fêtes et une couche de neige qui commençait manifestement à givrer.

Machinalement, elle alluma la radio qui diffusa alors la petite musique de nuit de Mozart : Il n’en fallait pas plus pour qu’elle accueille sans résistance le flux de souvenirs des dix années passée ; un peu comme si elle aurait désiré revoir comme pour se flageller un film des plus noirs, des plus durs ou des plus dérangeants.

Pascale est née et a passé toute sa vie dans le petit village francilien de Passeloup qui abrite ses trois cents âmes au creux d’un vallon en bordure de la forêt du même nom.

Elle perdit ses parents alors qu’elle n’avait que cinq ans et fut élevée avec rigueur, modestie, calme et tendresse par sa grand-tante Roxane, la seule parente qui lui restait.
Ayant peu d’amis, elle fit des études studieuses et à vingt ans empocha son bac et s’engagea aussitôt dans la vie active en tant que secrétaire de direction.
Quand la trop vieille Roxane mourut cette année, elle n’hérita d’elle qu’un reliquat de dette de deux mille francs qu’elle paya en vendant ses propres et chers livres et disques.
Pascale se souvint de ce bal du 14 juillet à Passeloup où elle fit la rencontre de Jean-Pierre, un beau gars du village voisin.
Il avait aussi vingt ans, il terminait des études d’aide-comptable en se sachant déjà embauché dans cet emploi par une petite entreprise du coin.
Ce fut le coup de foudre et les fiançailles ne durèrent en fait que quelques semaines pour se transformer en un mariage discret, mais fervent et prometteur.

Jean-Pierre reçut en cadeau d’un oncle, une vieille masure presque en ruine qui se tenait un peu isolée dans un vaste jardin en bordure de la petite route qui allait du village à la vaste et sombre forêt de Passeloup.

Avec ardeur et passion, le jeune couple s’installa dans cette maison et entreprit aussitôt de la restaurer de fond en combles. C’était presque un travail de romain, mais ils décidèrent que quitte à vivre quelques années à la dure, ils mettraient le temps qu’il fallait pour enfin obtenir un foyer chaleureux et sympathique.
Bien qu’ils n’étaient pas des plus riches, ils avaient tous les deux un emploi et n’eurent aucune difficulté pour obtenir des crédits leur permettant de restaurer petit à petit leur chaumière d’amour.

Un peu de temps passa ainsi très vite en travail, rires et fêtes avec la poignée d’amis qu’ils avaient et un tas de promesses heureuses.

Deux plus tard, leur premier enfant naquit, un garçon prénommé Erwan et puis dans la foulée, ils eurent une petite fille, Camille.

Pascale baissa un peu la vitre de la voiture pour laisser entrer un peu d’air frais dans l’habitacle surchauffé et pollué par l’immobilité du trafic.

A ce moment-là, un luxueux 4X4 vint se placer à sa hauteur sur la file de droite et le bruit ronflant presque bourdonnant d’un puissant moteur ne manqua pas d’évoquer à Pascale son premier « contact » avec les sinistres et énigmatiques seigneurs et comtes de Passeloup.

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Commentaires
G
les prostrations vénéneuses dues au coup du sort, quelle description clairvoyante !<br /> mais ardeur et passion me font présager que ce n'était qu'une étape !
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T
vous m'otez les mots de la bouche !
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H
Ah! Du grand, du bo, du bon, du MartinLothar...<br /> Ouaissssssssssssssss
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