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23 décembre 2008

Conte de Noël : La clé d’Alexis (2/4)

Si vous avez manqué le début : Partie 1

Journal d’Alexis. Le 23 décembre 2008

[… J’écris ces lignes sur la table à manger. Les autres jouent aux cartes, au menteur, Arthur ronfle dans un fauteuil et Mathilde tricote, mais elle semble inquiète de toute cette flotte qui tombe.]

Ce matin, je suis réveillé le premier par le bruit de la pluie. Il ne fait pas encore jour. Je m’habille et je descends dans la cuisine.
La lumière de l’ampoule vacille et je me demande si le générateur va bien.
J’ouvre la porte du dehors et c’est le déluge qui me fout une grosse baffe froide et humide.
Mathilde dira qu’elle n’a jamais vu de sa vie autant de flotte tomber sur le village.
Je referme la porte dégouté. Je réveille le feu dans la cheminée et je m’assois dans le fauteuil de Mathilde pour attendre les autres en rêvant.

C’est Arthur qui arrive le premier en pestant contre la pluie. Il attrape un bout de pain, enfile ses bottes et son anorak et il sort en me disant qu’il va au lac voir le générateur qui commence à s’enrhumer.
Mathilde sort de sa chambre et je l’aide à préparer le petit déjeuner : Il y aura des crêpes au bon miel d’Arthur, de la confiture de myrtilles, du pain que Maman a fait et du lait de chèvres tiré de la veille au soir.

On mange tous ensemble en se demandant si on pourra traverser la rue sans se noyer pour aller décorer la chapelle.

Charles, il a seize ans — déjà en boutons, comme dit Mathilde — sort le premier pour aller aider Arthur à s’occuper des vaches, des moutons et des chèvres.
Il revient quelques secondes plus tard pour nous dire qu’on a pas besoin de paquebot pour aller à la chapelle ! (Pff ! Qu’est-ce qu’il peut être bête celui-là quand il s’y met !)

En arrivant dans la chapelle, on est tous mouillés jusqu’au os et elle est plus froide et humide que jamais. Il y a même des flaques au sol.
Jeanne m’aide à ouvrir la trappe de la crypte et avec la lampe de poche alors, on voit qu’elle est déjà à moitié inondée.

Jeanne, c’est mon amoureuse (en secret hein ! Le mien). Elle a treize ans et elle est trop jolie.
Elle m’aime bien, mais je sais qu’elle pense sans arrêt à Charles qui est très beau et très fort lui au moins, même s’il est souvent trop con ce mec !

Avant de partir de là, j’ai regardé le triptyque sur l’autel et je me suis dit alors qu’il ne pleuvrait pas assez pour l’atteindre quand même.
J’aime ce truc. C’est grand comme un album de Titeuf et large comme trois parce que c’est en trois parties comme un livre compliqué.
C’est un gros bouquin en bois et en fer, en fait. A l’intérieur, c’est une vraie BD peinte à la main et à l’huile avec des tas de décors de toutes les couleurs et de petites phrases illisibles.
Le monsieur du Musée quand il est passé cet été, il a dit que c’était du beau travail et sans doute très, très ancien, mais il ne comprenait pas ce qu’il raconte.
Il n’a pas reconnu les personnages qui n’ont rien à voir avec les livres de messe et il paraît que beaucoup de mots sont écrits dans une langue inconnue qui ressemble un peu au Grec.
Il a demandé à Papa de l’apporter un jour au musée quand le village sera mort pour qu’on l’examine plus en détail.
Ce triptyque est sans doute aussi vieux que la chapelle ou que le premier habitant de Lothar et c’est vraiment le seul trésor du village.
Les planches de bois peintes sont entourées par un gros cadre en métal très biscornu. Quand c’est fermé, on dirait de loin une énorme clé !
Quand j’ai dit ça la première fois, tout le monde a rigolé, mais moi, j’ai toujours pensé que c’était une espèce de clé ce truc-là.
Les deux parties à gauche et à droite sont remplies de petites cases comme dans les BD où l’on voit des tas de personnages inconnus qui font on ne sait quoi parce qu’on ne pas traduire les phrases en bas.
Il y a un monsieur bien habillé du moyen-âge et un chevalier. Il y a aussi un soldat romain, un pirate et puis un chinois ou pareil.
Mais on retrouve ces cinq bonshommes au milieu, en plus grands et debout, devant un paysage qui une vraie photo peinte du village !
On le reconnaît vrai de vrai notre pays et au loin, on voit même le lac avec au-dessus un signe en forme de mouton tordu endormi autour des deux lettres en or « AP »

Le monsieur du musée a dit que c’était le signe de « la toison d’or »
Oui, mais bon hein : Qu’est-ce que ça veut  dire AP ?

On revient chez Mathilde et l’on raconte la flotte dans la chapelle. Alors Arthur dit que l’on ne fera pas la veillée dedans parce que c’est malsain.
Alors, Mathilde a l’idée de faire le réveillon chez elle comme ça elle verra plein de monde plus longtemps.
Nous les enfants, on trouve ça très chouette parce qu’on l’adore la Mathilde et on se met au boulot pour la décoration.

Vers midi, Papa téléphone et ça grésille très fort. Il nous dit que c’est foutu pour le village.  Il sera rasé au printemps et les travaux du barrage commenceront à l’été.
La bonne nouvelle c’est qu’on nous propose des relogements dans des villages voisins, mais pas à la ville si on veut pas (ouf !)
Mais moi, ça ne plaît pas quand même et je suis toujours décidé à mourir avec mon pays.

On passe le reste de la journée à décorer le chalet de Mathilde et puis vers vingt heures Papa appelle encore pour dire que la route est coupée par des coulées de boue et qu’ils ne peuvent pas passer.
Ils essaieront demain s’ils trouvent quelqu’un pour déblayer
Arthur lui parle alors du générateur qui ne va pas tarder à tomber en panne avec toute cette flotte et que le téléphone n’en a pas pour longtemps lui aussi.
Papa lui dit qu’en cas de besoin, il y a chez nous une radio sur batterie (que je sais faire marcher, moi !)
S’il le faut, on mobilisera toute l’armée ! Ils nous doivent bien ça quand même hein !

J’écris ces lignes avant de me coucher quand la pluie semble redoubler encore et encore.
Tout à l’heure, j’ai trouvé dans le grenier de Mathilde un vieux bouquin plein de poussière qui parle de Charles le Téméraire, le dernier Duc de Bourgogne.
Quand je l’ai ouvert, il y avait sur la première page le même signe que sur le triptyque : Le mouton en rond et les deux lettres « AP » et ces mots : « Aurata Pellis »

A suivre...

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Commentaires
B
Et hop, je saute au 3.
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L
Aurata pellis, la toison d'or bien sûr. <br /> J'aime cette histoire de village englouti, on trouve ça dans les contes et ça fait penser à l'Atlantide aussi. Vivement la suite.
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M
J'halète, je palpite, je frémis, je trépide et je trépigne même un peu.<br /> (peut-être suis-je donc encore vivante ?)<br /> Merci.
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G
je vais devoir attendre Jeudi pour dévorerla suite du feuilleton, et encore en me cachant pour atteindre subrepticement l'ordi de mes neveux car demain, route<br /> <br /> Bonne crèche à tous les nomades -de tous poils-
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M
@ Giov : Non, l'Assistance Publique, j'ai déjà donné hein (voir le premier conte : Un Noël à Frivoli de 2006 !)<br /> les mots latin "aurata pellis" signifient "Toison d'or"<br /> Mais je ne dévoile rien en fait car ce n'est pas le vrai secret de ce conte (un mécanisme sans doute ?) Les lecteurs de Frivoli valent mieux qu'une misérable toison d'or hein !<br /> Haletant ? Ben attend la suite demain à 17 H (Non seulement ça sera haletant, trépidant mais en plus ça sera très long à se noyer ! (désolé)<br /> Bises
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