joyeuse Toussaint
Pour ceux dont la culture religieuse frise le niveau des fosses abyssales, je rappellerai que la Toussaint la Toussaint
Devant cette incurie qui déshonore même la curie, j’ai décidé de faire mon propre éloge funèbre, car on n’est jamais aussi bien servi que par soi même :
C’est sur un noble fond musical composé par le défunt que pourra commencer le recueillement de l’assemblée. Cette marche funèbre sera : « Quand même le cercueil portera le deuil! » :
Monsieur le Comte est décédé,
Monsieur le Comte est trépassé !
Saturnin, tu as toujours porté l’arme bien droite,
Mais tu passes devant nous l’arme à gauche.
Te voici allongé dans cette boite
Qui de ton mausolée n’est qu’une ébauche.
Le monde de la poésie est en deuil
Et les larmes assombrissent son oeuil.
Il garde l’autre bien ouvert
Pour lire les jolis vers
Que toi seul Saturnin d’Abadie
Qui nous contemple autour de toi réunis,
Toi seul savais formuler,
Toi seul savais les chanter
Et faire rimer écrire
Avec poêle à frire !
La pluie ruisselle sur le pavé,
Le curé chante des Ave.
Qu’ils seront tristes ces jours sans toi,
Ces nuits porteuses d’un cruel effroi.
Généreux, tu as laissé à ta concubine
Ton admirable et chromée carabine,
Ta fortune aux poètes nécessiteux,
Afin qu’ils vivent bien vieux.
Oh poète, la lune est morte (pour ceux qui connaissent la chanson…)
Quand Saturnin franchit la porte
Du cimetière de Bagnères
Pour y être mis en terre.
Tout le monde est venu
Sauf ceux qui n’ont pas pu.
Tout le monde te regrettera,
Sauf les autres, les ingrats…
Après les obsèques nous irons tous
Boire un coup au café des Coustous
Et réciter tes beaux poèmes,
Ceux qui effacent nos problèmes.
Auguste Legrand et Sabin Poullédous, s’ils sont là, liront ce beau poème :
Les pieds devant
J’irai gaiement,
Vers cet ailleurs
Qu’on dit meilleur,
Au fond du trou
Trou la itou,
Tranquillement je dormirai
Pendant que vous travaillerez…
Mais pour citer ce grand dramaturge que vous connaissez tous : « A l’au-delà, je préfère le vin d’ici »
Je ne suis hélas pour vous, pas encore cané
Et je débouche à votre santé,
Une bouteille de Nuits Saint Georges
Qui en passant par ma gorge
Régalera le bon Saturnin
Qui s’exclamera : « ça c’est du vin ! »
A la votre et Joyeuse fête des morts !