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Frivoli
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Frivoli
22 novembre 2009

Canapé rouge (Dame Berthoise)

Je poste pour ma belle dame Berthoise, son texte tapissant le canapé rouge :

Règle du jeu :

On vient de m'offrir ce livre,  de Michèle Lesbre.
Je vous propose la première phrase, et la consigne d'écriture classique :
Ecrire un court texte ayant le même titre et commençant par cette phrase.
Poster en catégorie "ze textes de" ou en commentaire ou en mail à la webmaitresse qui replacera tout en billet.
Voire en texte sur votre blog si vous indiquez le lien (en comm. en mail etc.)
Toute exception à la règle est la bienvenue.

Sur un chemin de terre, un homme roulait une cigarette, debout, près d'un side-car vert, scarabée géant, compagnon de solitude.
C'était la pause. Il avait des bras de plomb à conduire cet engin. Il lui fallait se dégourdir les jambes, faire quelques pas, sentir qu'il pouvait encore marcher un peu. Cette clope qu'il espérait, il avait du mal à la rouler, ses doigts, à force de tenir le guidon, étaient malhabiles et peinaient à tasser le tabac. Enfin, un coup de langue sur la gomme, c'était bon. La première aspiration, longue et profonde, lui fit tourner la tête. Quand il se reprit du léger étourdissement, ses idées lui parurent plus claires. S'il ne savait toujours pas où il allait exactement, il était sûr de la direction qu'il souhaitait prendre, certain de ne pas vouloir faire machine arrière et revenir d'où il venait. Il revoyait nettement les adieux, larmoyants. Les adieux étaient souvent larmoyants, mais il avait réussi pour une fois à ne pas être grossier, ni brutal. Après tout, la fille ne s'était pas agrippée, elle n'avait pas crié, ni menacé. Elle s'était contentée de pleurer. Bon sang, ce que les filles peuvent chialer. Mais, il n'allait pas lui reprocher d'avoir eu des sentiments. Après tout, il en avait bien profité. Mais, c'était toujours comme ça. Quand il trouvait une fille qui lui plaisait et qu'elle avait l'heur de le trouver elle aussi à son goût, après quelques jours et nuits à se nourrir de ses gestes tendres, à jouir de son corps, il se sentait des fourmis dans les jambes, il avait des envies de grands espaces, de journées à avancer sur sa bécane. Alors, il partait et elle pleurait, celle-là comme les autres. C'était comme ça à chaque fois. Son scarabée le sauvait des mantes, il l'enjambait après les avoir chevauchées, et avant qu'elles ne le paralysent, ne l'engluent dans leur amour, et ne le mangent goulument. Sa clope finie, il écrasa le mégot entre ses doigts, remit ses gants, son casque, ses lunettes.
La route l'attendait, il n'aimait pas la faire attendre.

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Commentaires
F
Sur un chemin de terre, un homme roulait une cigarette, debout, près d'un side-car vert, scarabée géant, compagnon de solitude.<br /> Son passager pissait un coup dans la bruyère, noyant au passage un vrai scarabée, volontairement d’ailleurs : jamais pu blairer les Beatles. C’est en revenant qu’il fit le rapport entre la couleur de l’engin et l’insecte. <br /> Putain Jacky, où c’est que t’as trouvé cette putain de couleur ? <br /> Quoi elle te plait pas, répondit Jacky en balançant son mégot ! Tu rentreras à pied, ajouta-t-il en enfourchant la bête, et il mit les gaz à fond. <br /> Quand il le retrouva un kil plus loin, alors qu’il fredonnait malgré lui « Get back to where you once belong » il eut beaucoup de mal à atteindre la tête ensanglantée qui pendait à une branche du platane sur le tronc duquel semblait scratché un cafard géant.<br /> Et ben mon pote, dit-il en regardant les yeux morts de la tête et en guise d’oraison funèbre, on dirait qu’y a eu comme un bug !
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H
Ces textes sont tous très chouettes!<br /> Bravo enn'qui sait nous motiver!
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E
Je n'avais pas encore lu ce texte, et il me plait beaucoup. Merci Dame Berthoise !
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E
madame de K, pour votre minute littéraire !
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M
On ne peut pas être plus seul que lorsqu’on roule seul avec un side-car. C’est un engin acquis avec une intention de partage. Comme un tandem ; mais il n’avait pas acheté de tandem. Comme le canapé rouge, qu’il avait choisi sans accoudoirs pour pouvoir s’y allonger et faire la sieste à l’ombre des persiennes en espérant qu’elle allait rentrer et s’allonger sur lui de tout son long en lui mordillant l’oreille. Comme le plat en terre cuite qu’il avait acheté en imaginant dedans des lasagnes fondantes et goûteuses qu’il aurait cuisinées pour régaler sa belle. Comme le porte-serviette double dans la salle de bains. Comme le téléphone portable qui permet de personnaliser les sonneries pour ne pas décrocher si c’est maman qui appelle pendant une promenade au soleil d’automne, mais de décrocher toujours si c’est Elle.<br /> Son side-car était vide depuis qu’il avait trouvé ce billet épinglé au dossier du canapé rouge : « quand tu auras fini de faire la larve sur ton canapé de beauf en digérant tes lasagnes trop grasses, tu porteras le carton contenant mes affaires qui est dans l’entrée chez Jean-Pierre »
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