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Frivoli
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Frivoli
2 juillet 2006

Mon bonheur est dans le pré

Je suis une fille de la campagne. Ceux qui me connaissent bien ne s'y trompent pas : mes manières sont assez inélégantes malgré de louables efforts, mes façons rudimentaires et le ton peut être très direct et franc.
Mais de cette campagne je sais peu de choses. Mes parents furent peu loquaces sur le sujet, l'une étant à moitié orpheline assez jeune, l'autre ayant été dans les faits abandonné par ses parents. Je ne grandis donc pas dans le culte de l'histoire familiale, et chez moi, les photos se comptent.
Aussi, lorsque je partis avec les membres fondateurs (dont le mien) en escapade gersoise, ne soupçonnai-je pas un baptême d'une autre nature que celui, très républicain, du fils d'une amie blogueuse toulousaine !
Certes, je n'étais pas en terre inconnue : j'allais dans le Gers, et je me rappellais avec plus ou moins de précision (ma mémoire visuelle est très déficiente) les mêmes terres millénaires que, bien des années auparavant, enfant, j'avais foulées régulièrement au titre de réunions de famille éloignée : de rares cousins au troisième degré et l'unique grand-parent qu'il me fut donné de connaître, une vieille increvable sans argent et sans coeur.
Pourtant, par curiosité, je fis allusion aux maîtres des lieux à ma lointaine parentèle. Je soupçonne d'avoir été confusément guidée par le désir inconscient de "toucher" cette terre, et d'être touchée d'elle. Toujours est-il que vint alors à moi, à pas lents et néanmoins sûrs, une femme d'un âge canonique, de l'âge de ma mère, à l'oeil vif et bienveillant. Elle s'approcha comme incrédule, se planta devant moi avec l'assurance intimidante de ceux qui savent détenir quelque secret enfoui au nez et à l'insu de tous, avec cette force que la connaissance donne aux derniers dépositaires d'une histoire qui s'égare...
" Vous êtes la fille de Julia !"
Quelques mots plus tard, une étrange complicité émue liait cette vieille femme et moi-même. Elle qui me connaissait mieux que moi-même... Elle me dit ma grand-mère maternelle, dont je n'ai rien su et l'enfance de ma mère. Elle-même avait été accueillie, âgée de deux ans à peine, avec ses parents, par mes grands-parents maternels, alors que sa famille arrivait dans le Lectourois pour s'y installer, avec pour tout convoi deux vaches et une charrette. Elle se souvenait avec une étonnante précision, comme une enfant un peu effrayée par ce déménagement, que ma grand-mère lui avait servi une boisson pour qu'elle se désaltère. Elle devint une amie d'enfance de ma mère.
Alors, pour mon plus grand bonheur, cette mémoire vivante de mon histoire tue m'amena à la maison même où était née ma mère, quelques quatre vingt-trois ans plus tôt, et nous fîmes connaissance de l'actuelle propriétaire qui se laissa séduire par cet étrange pélerinage et me laissa prendre quelques photos.
Elle m'aurait ainsi accompagnée plus longuement à travers nos histoires mêlées mais le temps nous manquait. Je sais pourtant que j'y reviendrai.
Elle me confia, pour ma mère qu'elle n'avait pas revue depuis cinquante ans, un paquet mystérieux qu'un ruban adhésif scellait comme un secret intime.

Ma mère, pourtant, l'ouvrit avant que je ne reparte.
Elle contenait quelques gourmandises, pour la bouche.
Et une lettre.
Pour le coeur.

PS : lorsque nous avons rendu visite à la propriétaire, elle nous a montré une aquarelle représentant ladite maison natale. Elle nous a laissés la prendre en photo. Lewis, merci.

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Commentaires
G
mon ex-belle-mère vous dirait que merveilles et oreillettes n'ont pas la même composition; moi je crois que c'est surtout une histoire d'épaisseur et de température de l'huile qui fait que les oreillettes gonflent plus vite et moins gras que les premières. Mais le bugnes sont quasi rondes, comme des beignets, voir un ruban de pâte nouée avant de les jeter à l'huile, comme des .... pets-de nonnes en somme.<br /> Mais je retiens l'idée de la cuisson au four !
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D
C'est moi qui suis tombée dedans quand j'étais petite, et depuis j'évite d'approcher les marmites de potion.
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R
DJ : j'espère ne pas sombrer trop dans la sensiblerie... :-) Je reconnais que je peux être aussi triste à crever quand j'écris qu'incompréhensiblement gaie dans la vie ! Mais c'est mieux ainsi : je n'écris pas si souvent lol
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D
et quand j'ai lu le joli texte de Roxane, ça ne m'a pas étonnée, <br /> Mais quand j'ai vu que Lewis voulait battre des reccords de coms sur CE texte, là je dis : "Lewis t'en fais trop !!!"<br /> Pire que la télé réalité, pire que la télé sensiblerie, et les audimats... Lewis t'abuses ....mais ça nous amuse...<br /> <br /> <br /> Roxane,mes yeux se sont embués, mais j'ai retenu, je suis une grande fille maintenant.
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E
justement, elle a dit que c'était un peu comme des merveilles, mais cuit au four, donc pas gras. Des tortillons.Très bons.
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