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Frivoli
28 septembre 2009

Avec un grand A

Je ne pouvais pas répondre au billet de Tetaclacs juste avec un commentaire ...

Je me souviens de certains moments de tristesse pendant lesquels je regrettais de ne pas avoir une amie intime qui me fût proche géographiquement. J'imaginais  quelqu'un qui m'aurait ressemblé, en mieux,   comme lorsqu'enfant, je regardais parfois mon reflet dans la vitre de l'autobus qui me ramenait à la maison après une semaine d'internat, essayant d'y voir une sœur jumelle avec qui j'aurais pu converser. Ne doit-on pas, d'abord,  être soi-même son meilleur ami dans l'immense solitude de l'existence ? Nos pensées ne sont-elles pas des conversations avec soi-même ?

Je me rappelle avoir eu des amitiés passionnées pendant l'enfance,  parfois la passion y était unilatérale, l'autre se contentant d'une tranquille assurance sans se douter des remous que provoquait la moindre de ses paroles. Je me rappelle avoir ressenti la jalousie, l'abandon, l'exaltation. Nos souvenirs sont-ils fidèles ?

Comment installeriez-vous ceux qui vous sont liés, dans  votre théâtre (de plein air) affectif ? Selon les actes, certains seront en coulisse, d'autres au milieu de la scène, certains au premier rang, d'autres sur les gradins du haut, certains auront le premier rôle, d'autres seront figurants et il est probable qu'à la prochaine pièce les places changeront.

Amour et Amitié procèdent du verbe aimer.
L'amour se mesure-t-il ? Comment  ? Quelle sensation physique, quelle pensée, quel indicateur nous amène-t-il à graduer, à définir,  l'affection que nous avons pour une personne ? Quelle est la part de notre volonté ?

L'amitié est-elle un amour platonique ?  Je définirais l'amour platonique comme un amour accompagné de désir inassouvi par choix ou par nécessité. Le reste, selon moi, est amitié, et peut prendre bien des formes. Il se pourrait bien aussi parfois que, par quelque facétie du destin, le désir s'en mêle, à la faveur d'une journée ensoleillée, d'un souffle de vent, d'un chagrin passager, d'une joie soudaine...Je mêle les amitiés homme homme homme femme femme femme, sans notion de préférences sexuelles, devrais-je les distinguer ?

J'ai coutume de penser que la gamme de nos relations avec les autres est très étendue, subtile et changeante. Je n'ai plus aujourd'hui, cette envie de trouver une amie qui me ressemble, j'apprécie au contraire la diversité de mes amis, que j'aime, avec des nuances différentes. Quelle est cette chose  qui demeure constante et permet d'affirmer une amitié fidèle et indéfectible ? Les paroles échangées ? Les choses faites ensembles ? Les souvenirs partagés ? Une base commune de croyances d'intérêts, de "culture" ? la certitude de retrouver l'ami même après des décennies ? quelles sont les amitiés qui comptent le plus pour vous ? celles nouées dans l'enfance qui ont accompagné vos transformations, votre passage à l'âge adulte ? celles que vous nouez aujourd'hui ?

Je glose, sans répondre à la question de Tetaclacs.  Gasconne, ou  Jésuite : je réponds à une question par une autre. Il y a ceux qui  investissent tellement dans la relation amoureuse qu'ils abandonnent tout ce qui les entourait auparavant, de façon provisoire, ou définitive. "Tu quitteras père et mère". N'avons-nous pas tous, au début d'un amour, en plein état de sidération -on le sait, cet état  ne dure pas, a priori, et heureusement- , oublié tout ce qui constituait notre vie pour nous jeter tête baissée dans ce malstrom émotionnel ?  on en revient,  un peu étourdi,  promettant de ne pas s'y laisser prendre la prochaine fois. On apprend à ne plus se perdre, plus tout à fait.  On peut se situer sur un autre versant. Un homme me disait récemment "l'amour ne s'additionne ni ne se multiplie". Je ne suis pas de cet avis, je crois que l'amour peut se multiplier, nous aider à regarder le monde avec bienveillance (appelez-moi sœur Enn').

Qu'attendons-nous de l'amitié ? La vie, le partage, la confiance, le détachement. Nous ne sommes pas faits pour vivre seuls, pas tout le temps, nous sommes là pour échanger, nos amis sont notre famille élargie ( lieu commun ...). Je crois que l'on peut s'appliquer à avoir l'attention nécessaire à soi et aux autres, pour que les relations soient fructueuses et riches.

J'ai trahi, ou eu  la sensation d'avoir trahi,  des amis, par bêtise ou lâcheté, ou parce que mon système d'appréciation  différait du  leur. Difficile d'avoir toujours le geste juste, l'attitude appropriée à la situation, impossible de revenir en arrière lorsqu'on a prononcé une parole, évité d'agir, ou mal agi. Je crois qu'ils ne m'en ont pas tenu rigueur, de même que j'ai oublié ou compris ce que j'avais pu considérer comme des trahisons. La place est toujours là, si on le veut bien, pour la discussion, pour les retrouvailles : j'ai beau perdre mes affaires, égarer mes papiers, perdre la tête parfois, je n'ai pas la sensation de perdre mes amis. Ils s'éloignent, je suis  légère et les oublie un temps, le lien existe. Je tiens mon côté (pour reprendre J. Salomé), de cet écheveau de fils d'Ariane. Certains brins, distendus, peuvent aussi se défaire, sans dommage pour aucune des parties, (l'amitié peut aussi être instantanée : amitié d'un jour avec une rencontre de passage, complicité passagère dont on garde un souvenir ému).

Ah ...une différence entre amour et amitié, c'est aussi le fait qu'en général (il y a toutes sortes d'exceptions !) on a un seul "amour" -à la fois-: l'amitié est moins exclusive, l'amitié est libre, l'amitié est amour aussi.

Je vais terminer ce billet avec l'idée  que dans quelques temps j'écrirais sans doute quelque chose de différent, tant nos pensées sont changeantes et capricieuses, mais le fond serait sans doute le même. Je le dédie  à celle qui est mon amie depuis quarante-deux ans.

(la suite ...)

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Commentaires
G
mais AA, n'est-ce pas au jeu de la bobine* que l'enfant fait disparaître et réapparaître à son gré pour se convaincre qu'il peut en maîtriser l'existence et les mouvements, que tu nous convies ? Peut-on se risquer à te contacter...par surprise ?<br /> <br /> * cf S.Freud
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A
De retour sur Frivoli.<br /> Je constate avec plaisir<br /> que le site a pris de la densité.<br /> Bravo à vous....<br /> <br /> **********************<br /> <br /> Je me souviens que,<br /> sur un Chemin du Lot,<br /> je disais un jour à mon compagnon ( ou compagne )<br /> que je comparais l'ensemble de mes relations<br /> à un grand réseau complexe <br /> de fils aux couleurs de l'arc-en-ciel...<br /> <br /> La vie tourne, les rôles changent, la nature des sentiments évolue,<br /> moi j'aime bien toujours savoir,<br /> quand c'est possible, <br /> que les gens qui ont compté un jour, une minute, puissent toujours être au bout quelque part<br /> du fil coloré...<br /> <br /> Ad'a
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T
Pour reprendre cette notion de "calcul amoureux", j'ai la sensation pour ma part qu'au contraire l'amour se divise. Il s'agirait d'une division particulière, qui ne réduirait pas les parts déjà "affectées".<br /> Après la naissance de mon premier enfant, je pensais que je l'aimais si totalement que je ne pourrais en aimer un second, faute d'amour disponible. Et puis j'ai aimé un deuxième enfant, puis un troisième et un quatrième tout aussi fort. Ma capacité à aimer n'a pas augmenté, pourtant. <br /> Il en va de même pour l'amitié, sans aucun doute.<br /> En vérité, je crois que l'amour ne se calcule pas, ne se gère pas comme s'il s'agissait d'un stock. Nous en avons toujours à offrir sans avoir besoin de le renouveler ou de le répartir. Je pense que, tout simplement, notre capacité d'amour est infinie.
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G
il me semble que si l'amour ne s'additionne ni ne se multiplie, j'en garde quelque chose de fois en fois, un peu non pas comme le mettre puissance ² ou 5 mais comme s'il y avait quand même une petite part multipliée, comme le savant calcul du quotient familial ou le petit facteur N proportionnel à d'autres calculs plus facétieux...
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