2001 mémoire explosive
Le 21 septembre 2001 je n'avais pas de téléphone portable. Je m'en souviens maintenant et je sais que je n'ai pas cherché à appeler qui que ce soit. J'étais à Montauban.
Il faisait très beau, un magnifique ciel bleu et une température très douce. Quels élèves avais-je ? Quels cours ? Tout cela est passé à la trappe de ma mémoire. Après la récréation, Mido m'a annoncé que la poudrerie avait sauté; ensuite nous avons suivi les informations par l'intermédiare des agents de service qui écoutaient la radio en faisant le ménage. Nous avons donc su qu'il s'agissait d'AZF, et la première idée qui est venue à tout le monde était celle d'un attentat dans la suite directe et logique du 11 septembre.
A midi nous sommes allées manger un sandwich sur la place nationale, je pourrais encore dire sur quel banc nous nous sommes assises et que j'avais pris un sandwich italien. Je ne sais pas si nous sommes allées boire un café. Mido cherchait à joindre son père, sans succés, avec son téléphone rouge. On ne savait pas encore combien de morts, combien de blessés.
Il y a eu les morts directes et les morts indirectes. La peur rétrospective de ce qui se serait passé si l'explosion avait eu lieu dix minutes plus tôt (alors que les enfants étaient en classe).
L'après -midi fut sans doute une suite de confusions et d'informations contradictoires. Pouvait-on rentrer à Toulouse sans danger ? Les routes étaient-elles bloquées ? Il me semble qu'il y a eu des mouvements d'élèves, autorisés à rentrer chez eux plus tôt, c'est très confus dans ma mémoire.
Je ne me rappelle pas avoir ressenti la moindre inquiétude pour mes enfants et leur père que j'ai retrouvés sains et saufs en rentrant le soir. Sans doute n'avais-je pas songé que l'explosion pouvait avoir aussi provoqué des émanations de gaz extrêmement toxiques (ce qui par chance ne s'est pas produit, ou du moins on n'en sait rien) voire mortels. Ils étaient assez loin du lieu. L'un de mes fils a été confiné dans le gymnase de son collège, et son père dans les locaux de son usine. Je ne sais plus à quelle heure je suis rentrée chez moi, ni si c'est ce jour-là ou le lendemain que j'ai vu un ami de mon fils, légèrement blessé qui avait fui son lycée effondré, comme tous les autres qui cherchaient à sauver leur peau alors que l'un des leurs était mort.
Ce soir-là, j'ai reçu des coups de fil d'amis dont je n'avais pas de nouvelles depuis longtemps. De même le 11 septembre, j'avais appelé ma famille américaine.
Le 29 novembre 2001 j'ai eu un accident de voiture, et avant la fin de l'année, d'autres explosions et tremblements de terre devaient secouer mon existence.