retour en enfance
ce n'était pas un jour à chercher des oeufs de Pâques. Ma soeur allait naitre un mois après, donc j'ai 16 mois, c'est un début d'automne et, si je ne me souviens pas de ce perron précisément, prélude à l'autre perron de la région parisienne aux murs cimentés ou j'ai joué tant d'années à amasser la poussière dans les coins et la pousser dans les trous d'écoulement comme on tuste les grillons (cf Marie Rouannet in "nous, les filles") ...
... Je me souviens du jour où j'ai quitté cette maison, à 22 mois, et Mme Marin, ma nourrice d'alors, et surtout, la pente du garage où me faisaient signe ses 2 enfants dont une fille qui s'appelait Solange, et que j'assimilais aux adultes -sur les photos, elle doit bien avoir 7 ans ! - pour aller habiter chez ma nouvelle nourrice, Maman Lamouller, où j'allais béatement rester jusqu'à 9 ans.
Mais un autre souvenir est resté de cette époque, une sensation très perso, très frivolienne d'ailleurs :
Je suis en chaise haute, contre le mur de la cuisine, près de la porte. Je tape sur ma tablette avec une cuillère et essaie de pencher la tête par la porte ... sans espoir d'attirer l'attention des adultes dans la salle à manger, qui prennent le café. Comment peut-on se souvenir de quelque chose, si jeune ??
Mais c'est ça qui me marque et déjà structure mon obsession, mon sentiment de frustration : j'ai faim, je suis seule, et ils sont tous ensemble à table à rire dans l'odeur du café et le bruit des petites cuillères