Bouillon numéro 3 - Tetaclacs
C’est avec une immense douleur et une extrême consternation que j'ai constaté, ce matin même le décès imminent de mes jumelles adorées.
Elles seront promptement incinérées, certes pas dans la plus stricte intimité, mais ainsi en ai-je décidé.
Je garderai intact le souvenir de leur élégance racée, même si un soir de pique-nique, durant lequel j'avais moi-même abusé de côte du Rhône tiède et de décoction de fleurs d’hibiscus, (au goût légèrement contrariant, je le rappelle) elles sont sorties de leur rôle pour se prêter à une publicité indigne.
En dépit du caractère illégal que revêt encore l’euthanasie, j'ai décidé que la mort oeuvrerait par ma main, dans ce qu'il leur reste de dignité et de paillettes, sans tenter d'onéreuses et honteuses opérations plastiques ou injection indignes pour tenter de leur rendre un peu de leur splendeur passée, de leur joyeuse séduction tristement et irrémédiablement dissoutes dans l’impitoyable labeur du temps.
Les stars se doivent de disparaître alors que la salissure des jours passés, les rides profondes et cruelles commencent à fondre sur leur noblesse et à ternir doucement leur image.
Je les pleurerai sincèrement, au moins jusqu'au printemps prochain, si j'arrive à trouver les mêmes tongs... mais si vous n'y voyez pas d'inconvénient, l'année prochaine, je les prendrai bleues.