Petit potage épistolaire: Notes en bas de page (GIOV)

6 novembre 2005

Petit potage épistolaire: Notes en bas de page (GIOV)

..... Il voit qu'elle a changé. La source de lumière s'est rapprochée de son visage (1). Sa joie et sa douleur commencent à apparaître. L'irruption de sa joie, la plénitude de sa douleur. Son rire à voix haute, sa voix qui brusquement se charge, son front traversé d'ombres, ses tics d'éblouissement. Elle est plus NUE d'expression, elle est plus enfantine (2). Parfois, elle parait ne plus rien savoir, elle attend qu'il lui parle, qu'il s'approche d'elle, qu'il se lève, afin de le suivre.(3)

Habille-moi, lui demande-t'elle un matin.
Il ne comprend pas mais il s'exécute. Et ses grosses mains (4) se perdent dans les laines, les cotons, les étoffes toujours blanches, et il l'habille comme il l'a connue, aimée la première fois (5), d'une robe ample, à mi-chevilles, moulant le haut des jambes (6) , d'un gilet noué de fils d'or, d'un foulard insouciant, de pendentifs anciens totémiques, de bracelets grossiers, accentuant la chûte frêle des poignets (7), il l'habille comme elle s'habille toujours, il la refait pareille à elle (8), avec l'attention consumante du peintre, émerveillé qu'elle pose ainsi fidèlement (9), même s'il subsiste à ce jeu rituel un sens qui dangereusement échappe..... (10)

(1) cher Frédéric, j'ai bien reçu ton manuscrit et prends enfin le temps de l'annoter comme tu m'en as prié. Cette phrase fait un peu publicité pour le rétinol anti-vieillissement, non ?
(2) attention au plagiat; ça rappelle furieusement Lolita de ... je l'ai sur le bout de la langue !
(3) Mais mon pauvre ami, tu n'y penses pas ! tant de soumission, de basse compromission... et dans quel but ? pour quel dessein ? Pas besoin d'être Drag-queen ou notre chère Honey pour s'offusquer d'une pareille allégation !
(4) Mmouiii, ça, c'est pas mal; le parallèle entre la rudesse et la pureté des tissus, l'amant de Lady Chatterley n'a qu'à bien se tenir.
(5) Bon, c'est un roman ou une autobiographie ? Tu ne vas quand même pas raconter notre première ... ce serait d'un coquin! c'est vrai, je me souviens, la baptiste que tes doigts accrochaient et ce lèger parfum que j'y avais glissé; non, je m'égare: il faut absolument choisir ta catégorie si tu veux être sélectionné pour l'un des prix de la rentrée. On va finir par croire à un docu sur l'usage des tissus au XIXème !
(6) d'ailleurs, là, je ne vois pas du tout de quelle époque date ce costume. Je ne le visualise pas du tout, au demeurant, ample mais serré en haut des jambes ? Tu es sûr que tu as bien regardé les planches que t'a envoyées le musée du costume ?
(7) ah ah ! oxymoron ! cela devient ta marque de fabrique. Sûr qu'à Frivoli, on va vite retrouver ton pseudo dans ces conditions. Tu signes comment ? Sylvestre ? c'est au goût du jour.
(8) ah ! là, on atteint les hautes sphères psycho-philosophiques. L'identité du sujet lui est-elle intrinsèque ou basée sur l'environnement ? Peut-on se changer sans se perdre. Svt traduirait: l'habit fait-il le moine ? Mais ici, l'image serait un tantinet déplacée.
(9) alors là, j'adore, je ne cherche plus à discuter, tu me séduit. Et si jhe suis séduite, bien des femmes vont laisser également voguer leurs pensées.
(10) Belle ouverture ! oui, décidément, à part les petites remarques de départ, ou tu fera bien d'apporter une touche de correction, ton texte est promis à un bel avenir. Je brûle de lire la suite...