Bouillon d'écriture n°2 - Om
slt, j'ai aimé l'article, je commente.
Les artistes sont des être sensibles et "parlent" souvent de l'essentiel: le rapport à la mort. Il ne serait pas étonnant, bien que ne connaissant pas ce peintre ni cette histoire, que le tableau parle d'une opposition dans une relation.
En effet, le massage est vu en Europe comme un doux effleurage de relaxation. Ce n'est pas le cas en Orient (Asie centrale, Extrême Orient, Inde, compris) où le massage est une préparation au combat et un art médical (ce qui ont essayé les hammams savent le peu de douceur, le coté brusque et fonctionnel que l'on y trouve). Le massage est une intrusion dans la sphère privée, une douleur pour un bien-être, une action sur une stagnation, une domination sur une soumission, un esclave et un maître, un combat de la vie contre la mort (ou tout le contraire de ceci)
Il s’ agit ici d’une vraie masseuse et d’un vrai mouvement massothérapique mais le choix du peintre n’est pas fortuit. Le peintre se sert de ce que montre une séance de massage et y ajoute des effets muraux et vestimentaires.
Le geste puissant de la masseuse qui s’aide du poids du corps et de sa cuisse pour masser le coté. La massée essaye de résister de son autre bras pour se maintenir sur la table.
Il y a opposition entre le coté musculeux, angulaire de la masseuse et le galbe doux de la massée. La main droite de la masseuse intervient sur le flanc au niveau de la plaie du Christ. Le corps retourné est synonyme d'echec, du cadavre que l’on traîne. La massée lève et tourne la tête comme pour dire qu’elle n’accepte pas encore, tout en sachant qu’elle ne peut maintenir cette position.
La masseuse porte une écharpe rouge comme une blessure sur le bas ventre, l'indice d'une plaie qui s'ouvre, d'une révolte annoncée, à rapprocher des cheveux mouillés de la massée, tache de sang dans l’ombre, à venir ou rappel.
L’arrière plan est synonyme du collectif et de la tradition. Il est à noter qu’aucun symbole européen n’est visible ici, le corps de la massée seul est porteur de ce tout. La répétition des symboles, des mouvements de massage, des regards crée un effet hypnotique, proche du religieux, de la transe. Rien n’est centré ici, les corps animent cet univers de marbre froid mais Il y a des lignes directes et des angles droits qui donnent de la force à la scène. L’eau, les cheveux, le lavabo-bénitier, la massée-Christ, il y a là des symboles puissants.
Ce qui est le plus fort dans ce tableau est le regard des deux personnages. Un visage sombre et l’autre deviné, mais l’intensité est palpable. L’inférieur inquisiteur, dominant, sur le supérieur démuni et questionnant. Il y a ici plus qu’un regard de masseur à massé. J’y vois une relation soutenue, une fatigue et une difficulté de part et d’autre de se tirer d’une situation complexe. C’est pourquoi à la fois chez la massée et la masseuse il y a attraction et répulsion dans les mouvements, abandon et résistance. Une confiance méfiante peut-être?
Superbe tableau