Petit potage épistolaire (1) - Téta
Bruno,
Cela fait 10 ans aujourd'hui que tu as préféré passer sous un camion avec ta décapotable, plutôt que de venir à la mairie, pour m'épouser. Cela fait dix ans que j'ai suspendu ma robe de mariée, au fond du jardin, près du puits. Ce jour-là, j'ai juré de te pendre un jour à ses côtés.
Comme tu as eu le mauvais goût de mourir sans même avoir eu la politesse de sortir du coma pour tenter de m'expliquer ton ridicule choix ou me présenter des excuses, je n'ai pas eu le loisir de tenir ma promesse.
Il aura fallu que j'attende 10 ans et la mort de ta mère (cette vipère m'a toujours détestée) avant de pouvoir mettre la main sur l'affreux costume de pseudo rocker (tu chantais aussi mal que tu conduisais) que tu comptais porter pour la cérémonie, mais c'est aujourd'hui chose faite, et je peux enfin, ce cliché en témoigne, me réjouir de te voir pendu.
Bonne fête, Bruno.