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Frivoli
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Frivoli
4 octobre 2005

Un nouveau récit-relais (ex-cadavre exquis)

Règle du jeu :
Je suis le premier qui écrit.
Celle ou celui qui le veut continue l'histoire, sous forme de commentaire.
Enn et moi modèrerons si nécessaire.
Je serai le dernier à écrire.
Lewis

Date limite de participation, le lundi 3 octobre .

Ca commence comme ça :

J'ai déménagé la semaine dernière. En rangeant les tiroirs de la commode IKEA jaune, j'ai retrouvé un appareil photo jetable vert, oublié là depuis un an au moins. Je crois que je l'avais acheté à l'occasion d'un voyage à Paris, alors que mon vieux boîtier PENTAX noir était en réparation et que je n'avais pas encore de numérique gris. A moins que ce ne soit pour ce week-end organisé par une amie dans l'Aveyron. Je ne sais plus.
Je l'ai donc porté à développer chez LECLERC. J'y vais maintenant plus souvent pour acheter de l'essence, depuis que j'ai décidé de boycotter les grandes compagnies pétrolières pour les obliger à baisser les prix.
Hier soir, avant de partir pour deux jours en amoureux avec Cécilia, je suis passé chercher les photos.
Déjà un peu en retard, car elle avait pris plus de temps que nécessaire pour se maquiller, nous n'avons pas pris le temps de regarder les photos. Nous le ferions à table, à l'hôtel, en attendant que les papillotes de foie gras aux figues nous soient servies. Il faut dire que Cécilia avait choisi cette ferme auberge principalement pour sa carte gastronomique...

Teta a continué ainsi ...

...et que je n'avais rien fait pour m'opposer à ce choix.
D'une manière générale, je m'oppose rarement à elle ; je privilégie notre complicité et évite de mettre l'accent sur nos différences, allant parfois jusqu'à les nier.
Cette fois, son choix était plus que judicieux. Nous nous trouvions devant la bâtisse élégante et rustique que décrivait le GAULT ET MILLAU ; le week-end s'annonçait merveilleux.
Cécilia rayonnait. Je la regardai à son insu, comme j’aime à le faire. Alors le temps s’arrête, je deviens l’ombre sur sa joue, le souffle de vent qui bouscule ses mèches, l’éclat de son regard…
« Chéri ! Tu veux bien me passer le CANON s’il te plait ? La vue est magnifique ! »
Je m’arrachai à la contemplation de ma bien-aimée et ouvris le coffre de la voiture pour y attraper l’appareil.
Je songeai alors au jetable FUJI, vert et à son contenu… Je me souvenais parfaitement des clichés que j’avais faits avec…
Pourquoi avais-je choisi ce moment pour le faire développer ? J’avais pu l’oublier pendant si longtemps…

STV poursuit...

"Chéri, dépêche-toi, le soleil est en train de disparaître ! Regarde cette lumière..."

Le CANON en main, je repoussai le souvenir du FUJI dans un recoin de ma tête pour contempler le crépuscule. Le ciel était en effet d'un orange flamboyant, transformant l'auberge en bastion mythique d'un quelconque pays magique.

J'allumai le petit appareil numérique qu'une amie de Cécilia nous prêtait pour le week-end, et farfouillai dans le menu, un peu trop technologique. Je laissai rapidement tomber les réglages, et me contentai du mode "automatique".

Cécilia adorait que je la prenne en photo, et elle posait déjà devant notre refuge gastronomique. Peu habitué au numérique, je me servais du viseur et ignorais le petit écran. Clic. Pas la photo de l'année, mais un beau souvenir : le sourire de Cécilia semblait sincère, devant la bâtisse trapue auréolée de ce ciel en feu.

Cette photo m'en rappela une autre. Prise avec un appareil jetable FUJI.

"Allez chéri, entrons ! J'ai faim !" me dit-elle.

Je soupirai, attrappai les deux valises dans le coffre, et pénétrai à sa suite dans notre hôtel campagnard.

Roxane continue :

Il semblait encore absorbé dans une rêverie lorsque nous pénétrâmes dans la chambre que je nous avais réservée quelques semaines plus tôt. Dans ces moments-là, je me sentais exclue de son histoire, du regard qu'il pouvait poser sur ce qu'avait été sa vie avant qu'il ne m'invite à la partager. C'était des moments lourds de solitude et de désarroi. Je n'osais le lui dire, et il ne les devinait pas, ne me rejoignait pas dans ces instants d'éloignements. Je nous aurais voulu pourtant si proches... Le voile qu'il jetait sur certains pans de son passé, ces lettres que je ne devais pas lire, ces photos que je ne devais pas voir, me privaient irrémédiablement de ce besoin de fusion qui m'habitait constamment.
Brusquement j'étais triste, au moment précis où j'aurais dû être heureuse.
Il dut le sentir pourtant puisqu'il me prit dans ses bras. J'étais presque en larmes lorsque je lui criai presque:"...


...Viens!" Je le lui ai dit presque dans un cri, ou peut-être c'était elle... Ses émotions, violentes, toujours palpables, l'agitaient tant par instants que je devais l'attirer à moi pour la rassurer et l'aimer. Au demeurant le désir me taraudait depuis notre départ. Je la sentais se raidir sous mes caresses, exigeante et brutale. De nous deux elle était le feu, la passion instinctive. J'ai relevé un pan fluide de sa jupe, puis je n'ai eu le temps que de voir ses yeux se fermer dans un gémissement rauque...
Pourtant, à aucun moment depuis notre arrivée à l'hôtel, je n'avais pu totalement oublier ce cliché... Aurai-je un jour le courage de lui en parler, de risquer de la perdre définitivement... ou de m'en faire aimer toujours?

Enn' s'y colle

Nous sommes descendus dîner vers 20h30 (vous ne croyez tout de même pas que je vais vous raconter ce qui s'est passé entre temps ). Auparavant,  en fouillant dans ma valise à la recherche d'une pince à ongles, elle était tombée sur la pochette de tirages. "Ah chéri, des photos papier ?
-Oui, avais-je répondu en bougonnant (post coïtum animal triste), tu vois bien que ce ne sont pas des partitions de piano !
-On les regarde ?
-Mais enfin Cécilia, je croyais que tu étais affamée ?
-Tu ne veux pas me les montrer ?
-Evidemment non, Cecilia love, il doit y avoir toutes mes anciennes maîtresses là-dedans, elles étaient toutes blondes et minces, tu vas exploser de jalousie si tu vois ça ! (prêcher le vrai pour faire croire le faux)Et puis je meurs de faim mon coeur, tu m'as un peu fatigué là...
-Tu as raison amour, les feuilletés au morilles et au foie gras frais n'attendent pas !" dit-elle d'un ton enjoué, en me lançant son plus beau sourire (post coïtum, femina gaudia).

De nouveau Téta...

… mais je crois que je vais prendre une soupe en entrée, cela m’ouvre toujours l’appétit ! »

Ce n’était pas de bon augure, il me semblait que la soupe avait sur elle un effet étrange, nous nous disputions toujours avant la dernière cuillère.

J’eus un instant de découragement, la situation m’échappait. Même si j’avais pris soin de laisser les photos dans la SAMSONITE grise, il me semblait que je ne pourrai éviter ce soir, ni les remarques acerbes ni les larmes.

Alors que Cecilia promenait son regard sur la carte, je me demandai avec anxiété si elle opterait pour un velouté, une soupe froide aux petits oignons, ou, pire, un consommé…

Cecilia reposa le menu :
« Finalement, la soupe ne me réussit pas. C’est étrange d’ailleurs, cela doit remonter à ma petite enfance, mes parents me forçaient à manger de la soupe, en m’affublant de sobriquets ridicules et me reprochant de mal me tenir à table…

Et si nous regardions les photos ? »
Je fus soulagé d’apprendre que cette récente aversion pour la soupe ne remontait pas à notre dernier repas au COTTON CLUB, où nous avions goûté un bien étrange bouillon, cependant, ma gorge se noua alors que me revinrent en mémoire les évènements du printemps 2004, que j'avais voulu immortaliser à l'aide du FUJI vert.

« Je les ai laissées en haut, balbutiai-je, pitoyable.

- Mais non ! Je les ai prises ! » dit-elle en exhibant la pochette LECLERC d’un air triomphant.

Je fus pris d’une violente nausée. Cécilia déchirait déjà la pochette de papier, et dans un rapide mouvement de poignet, sa SWATCH rouge darda sur moi un éclat moqueur.

Je portai la serviette à mes lèvres, tentai de monopoliser toute mon énergie pour trouver une explication plausible, mais il m'était impossible de réfléchir, et Cécilia avait déjà la première photo sous les yeux :

« C’est qui la grosse blonde à côté du FRIGIDAIRE blanc ? »


Le meilleur pour la faim...

"C’est qui la grosse blonde à côté du FRIGIDAIRE blanc ? "
- c'est une bouteille de bière qui m'avait été offerte pour Noël par un couple d'amis bavarois. Elle contenait 5 litres. Une autre question ?

- ne me prends pas pour une idiote ! La bouteille, je sais, tu me l'as déjà raconté cent fois. Mais la pouff qui rigole le cul sur la cuisinière ?
- s'il te plait, ne sois pas grossière.
- je ne suis pas grossière, je voudrais savoir.
- c'est la baby sitter.
- tu te moques de moi ? Ta baby sitter est sénégalaise.
- la femme de ménage.
- elle est portugaise.
- la livreuse de pizza.
- elle est italienne.
- c'est ma mère.
- tu es orphelin, mon pauvre ami.
- une veuve inconsolable.
- et joyeuse, je le savais. L'orphelin détend la veuve. Et j'en ai assez de tes mensonges. Je ne regarde même pas les autres photos. Tu me diras comment était la soupe. Je n'ai plus faim, je remonte.


Epilogue :

Je l'ai retrouvée, étendue sur le lit, lascive, endormie. Elle avait mis son IPOD. J'ai retiré doucement les écouteurs. J' en ai machinalement mis un dans mon oreille gauche. J'ai reconnu Hervé Vilard : Capri, c'est fini.

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Commentaires
L
... on ne s'ennnuie pas en votre compagnie !!<br /> J'ai bien rigolé... et vous invite tous et toutes à en faire autant en venant participer à "mon" scénario collectif...qui sera peut être bientôt aussi le vôtre !<br /> A+ j'espère sur :<br /> http://collectif.blogspirit.com<br /> <br /> Le Réal.
Répondre
L
... on ne s'ennnuie pas en votre compagnie !!<br /> J'ai bien rigolé... et vous invite tous et toutes à en faire autant en venant participer à "mon" scénario collectif...qui sera peut être bientôt aussi le vôtre !<br /> A+ j'espère sur :<br /> http://collectif.blogspirit.com<br /> <br /> Le Réal.
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T
Quelle fin !<br /> J'ai beaucoup ri !
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R
Tout ça pour une fausse blonde... lol<br /> Bravo à tous quand même et merci à Lewis pour la fin!
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E
Il y a des choses dans la vie que je ne comprendrai jamais...Comment négliger un bol de soupe?
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