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Frivoli
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Frivoli
14 septembre 2005

Misanthropie

Evariste est étudiant, a 20 ans et une conception du monde presque de son age. Il aime patauger dans son microcosme de microcéphales avec ses idées de microbes.
Il est joyeux et pourtant terriblement cynique. Il a su devenir la ‘coqueluche’ de la nuit, incarnant le paradoxe moderne : envie de bouger, soif de communication mais peur de parler.
Vu l’intérêt qu’il porte à ses études il travaillera jusqu'à sa mort pour ses frais d’inscription et cette vie estudiantine dissolue.
Ces derniers temps il ne sort plus. Pourquoi ? C’est bien connu le mois d’août, n’est pas le mois pour un noctambule branché. De plus Eva est dans cette période de vache maigre où le travail devient obligatoire pour continuer à scintiller la nuit. C’est dingue ce que le manque d’argent peut faire chez une luciole : il passe ses journées à soulever des sacs de plâtre presque aussi lourds que lui dans une usine miteuse à la périphérie de la ville.
Il est le seul jeune, et de surcroît le seul vrai Français, Blanc, de Souche Gauloise comme ils aiment dire dans son groupe d’amis devenu tout pour lui depuis que ses copains d’enfance l’ont négligé pour incompatibilité politique.
Dans ce petit hangar, où des sacs naissent jour et nuit, où du plâtre transpire des trémies, les ouvriers s’affairent dans le ronflement des fours à gypse, toutes les trente secondes des marteaux battent violement les parois pour éviter une coagulation du produit et, pis que tout, l’asphyxie de l’installation. Ce tamtam fait danser toute l’architecture de fines poutrelles.
Un accident vient de se produire. Toute la chaîne de production s’arrête. Une fois dans la cour de l’usine les ouvriers peuvent souffler, se parler, échanger leurs points de vues, leurs passés récents.
Evariste ne se mêle pas à "ces" gens là. Ces prolétaires sales et puants aux origines troubles voire douteuses. De toute façon ils ne comprendraient pas la moindre de ses phrases.
Seul un homme court sur patte, trapu, à la peau d’ébène lui tend la main en engageant une conversation.
Bonjour. Un simple bonjour. Ce bonjour aurait réchauffé le cœur de n’importe quel autre homme de l’usine mais pas celui d’Evariste. Le long paradoxe de sa vie lui fait ‘‘rendre’’ le bonjour et la main noire blanchie par les poussières de plâtre.
« - Comment tu t’appelles ?
-
Evariste.
-
Moi c’est Omar.  pourquoi tu nous parles jamais ?
-
Pourquoi le ferais-je ? je suis là pour travailler, pas me répandre. »

Comme il parle, une loi fondamentale du groupe envahit son esprit : "parler à un étranger c’est se ‘con-promettre’, se souiller, s’agenouiller". Ses pensées marquent son visage d’un rictus dédaigneux et ses yeux se remplissent un peu plus à chaque mot, de bile.
« - C’est une façon de voir la vie au travail... tu habites où ? dans la ville en bas ?
-
Au centre ville, à proximité du lycée Jeanne D’Arc »
Evariste jubile puérilement et intérieurement en se remémorant les exploits de la dive Jeanne. Sur l’instant il pense même l’imiter, mais faute de courage çà ne restera qu’un fantasme. Quelle frustration d’être lâche !
« - Tu travailles là que pour l’été ? Reprend Omar
-
Evidement ! c’est un travail pour les gens comme toi : indésirable !
-
Je suis utile. C’est grâce à moi si des sacs de plâtre sont vendus dans les magasins. Tu étudies le reste du temps ?
-
On ne peut rien te cacher. Tu es marabout ?

- Ah les études… Mon beau-frère a arrêté alors qu’il était en fin de Deug puis il n’a plus voulu continuer et depuis il galère… c’est déjà dur la vie en France quand on est jeune et plein de diplômes alors quand t’as rien. Il a ton age environ et habite le même quartier que toi, peut être le connais tu, il s’appelle Christian. »

Evariste n’en peut plus d’écouter Omar avec son Français approximatif, mais au son de l’intrigant prénom Gaulois, il s’ouvre un peu plus, laissant ses idées politiques sur le chemin de l’ignorance.

« - peut être en effet. Mais il s’appelle comme toi, Christian Elladry ?
-
non ! c’est le frère de ma femme, donc il a le nom de ma femme : Martin. »

Christian Martin : bon français, Gaulois, membre émérite du tarpédiem, acolyte d’Evariste durant toutes ses années de lycée. Comment avait il pu accepter d’être relié familialement à … çà. Ils avaient vécu les plus beaux moments, les plus grands fous rires. Christian lui avait tout appris dansla vie. Ils s’étaient juré amitié et fidélité ad vitam æternam, par les liens du sang avant qu’Evariste mette son incompétence intellectuelle pour les études sur le dos des immigrés et qu’il ne s’accoquine avec ce groupe de badauds aux idées basses.
Le visage du jeune étudiant se décompose, blêmit. Omar croit, l’espace d’un instant, qu’il fait un malaise. Non. Evariste s’est juste souvenu… Humanisé.

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Commentaires
H
Eva, vous me flattez!
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E
aux fautes d'orthographe près c'est exactement ce que je voulais dire :D
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E
merci beaucoup. mais c'est normal je suis genial :D<br /> je suis vraiment très toucher que vous amiez ce texte, il est un peu travaillé a vous de trouver toutes les subtilités... (dans chacun de mes textes il y en a, oui oui même dans le compte rendu que j'avais fait et que personne n'a su voir :(bon oki c'était très compliqué)<br /> l'histoire de ce texte est simple : je n'avançais plus dans ma nouvelle alors je me suis détendu avec çà. :)<br /> Pour le bouillon des tongs je prefere m'abstenir, je ne puis rivaliser avec le texte mega genial d'Honey !!<br /> @micalement
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H
Tout est très bien...<br /> Je crois qu'on va finir par nous piquer nos idées!
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E
et boude les tongs. Mais c'est pas grave. Moi ce que j'aime le plus dans ce texte c'est la description de l'usine.
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